la Route du Vin 2022 : de Pont St-Esprit à Bellegarde (épisode 1)

        En ce matin de printemps, nous voici, debout, humant l’air frais du matin, sur cet immense pont qui traverse le Rhône, fleuve majestueux qui sépare précis et net, l’Occitanie de la Provence.

      Avec Ludovic, sommelier de métier, passionné comme il se doit, nous allons faire notre « Route du Vin »… 72 ans plus tard !

       À l’idée de ce voyage qui nous mènera de Pont Sant-Esprit à Banyuls sur Mer, un genre de doux bonheur nous envahit, tandis que l’église Saint-Saturnin découpe ses couleurs chaudes sur l’azur du levant.

        Nous quittons Pont-Saint-Esprit pour emprunter la route filant vers Bagnols-sur-Cèze. Sur les hauteurs à droite l’ancienne Chartreuse de Valbonne nous regarde. Le soleil est éclatant dans la pureté du ciel, une belle journée s’annonce sur les doux vallons des Côtes du Rhône gardoises. Tandis que les rangées de vignes et les oliviers couleur ardoise se partagent le paysage, nous prenons la direction de Saint-Gervais. Plus tard, une route étroite qui serpente dans les pinèdes nous mène au hameau des Celletes. Sur un mur de pierres dorées, une petite pancarte annonce « Cave du Domaine Sainte-Anne », c’est ici !

Domaine Sainte-Anne

        Devant le portail ouvert de la bâtisse, Jean Steinmaier nous attend. Le vigneron nous accueille, souriant, portant un pull de montagne vintage bleu à motif; original dans le pays où chantent les cigales. Nous entrons dans la cour, la bâtisse est superbe dans sa simplicité du XIIe siècle, ancienne ferme de la Chartreuse de Valbonne, sobre et parfaitement restaurée.

     Une cave fraîche et obscure nous attend et par un dédale de petites pièces où sont stockées des bouteilles, nous pénétrons dans une vaste salle tout en pierre apparentes, et plafond aux poutres centenaires, il s’agit du caveau de dégustation. Une ambiance un peu veillotte y règne, tonneaux en guise de table, étagères supportant divers objets et livres, une grosse dalle en pierre servant de bar, des tabourets, un fauteuil, des tableaux et photos anciennes au mur. L’endroit est convivial, M. Steinmaier y reçoit régulièrement ses clients fidèles qui viennent de partout en France et d’ailleurs.

     C’est un 1965 que Guy Steinmaier descendus de Bourgogne où il exerçait le métier de courtier en vin,  s’est installé avec femme et enfants à St Gervais. Tout était à faire sur ce massif calcaire quasi désertique, battu par le mistral, envahi de cistes, romarins et chênes verts, où quelques malheureuses vignes tentaient de survivre avec en o-locataires  lièvres et perdreaux. Il a fallu une certaine dose de courage, et de ténacité à la famille Steinmaier pour arriver aujourd’hui à 34 hectares de syrah, mourvèdres et autres viogniers resplendissants !

Nous voilà au caveau, heureux comme des papes ! Sans attendre, notre hôte ouvre une bouteille et la magie opère. La discussion, les souvenirs, les  anecdotes s’échappent, rires et bons mots sont l’apanage des bons vins !

Nous goutons tout d’abord un pur viognier, de belle couleur jaune pâle brillante, au nez fruité et floral, parfaitement rond, ample et frais en bouche. Suit, le Côtes du Rhône-villages “Notre Dames des Cellettes » à la robe rubis, au bouquet puissant de petits fruits noirs, de réglisse, de cacao et au palais souple, épicé et soyeux. Vient ensuite “La Rouvière », un mourvèdre presque noir, aux arômes de mûres, garrigue, olives, épices, et jus de viande. Un vin formidable qui appelle le mariage avec une pièce de viande grillée aux sarments.

M. Steinmaier s’éclipse et revient au bout d’un court moment, tenant un flacon poussiéreux qu’il ouvre délicatement. C’est la surprise et nous devons deviner cépage et millésime. Tandis que j’imagine un grenache d’une dizaine d’année, Ludovic part sur le millésime 1990 et il a raison. Il s’agit de la cuvée “St-Gervais » absolument superbe de fraîcheur 22 ans plus tard !

Le temps passe, nous devons prendre la route, mais avant de partir, je demande :

Monsieur Steinmaier avez-vous une autre passion en plus de celle du vin et de la vigne ? 

– Oui… cher ami,  j’aurai aimé être guide de haute montagne ! »

Nous avons l’explication simple et claire du magnifique pull-over du maître des Cellettes ! 

Domaine Sainte-Anne à St-Gervais  –  04 66 82 77 41

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Nous avons repris la route pour nous rendre 30 km plus bas,  à Tavel,  village du « 1er Rosé de France », 
puis du coté de la clairette de Bellegarde, appellation un peu endormie mais qui mérite une bien meilleure attention de nos palais.

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Domaine de la Mordorée

      Le domaine de la Mordorée à Tavel reste la référence absolue de l’appellation.
  
     Sur un terroir quasi idéal, grenache, mourvèdre et cinsault nous offrent un rosé fabuleux à la robe intense, aux flaveurs de fruits rouges et d’épices, aux saveurs persistantes et riches.

        Dans le sillon tracé par le regretté Christophe Delorme, c’est aujourd’hui, Madeleine Delorme et sa fille Ambre, secondées par leur maître de chais Rémy Chauvet, qui conduisent caves et vignobles en biodynamie.

      Un domaine de femme pour un rosé qui met tous les gastronomes d’accord !

Domaine de la Mordorée à Tavel   –  04 66 50 00 75

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Domaine de L’Anglore

         Au domaine de l’Anglore, la nature est chez elle ! Ce sont les abeilles et sa passion pour l’apiculture, qui ont  rapproché Eric Pfifferling du monde des vins « naturels ». 

       Il s’est lancé dans l’aventure sur le terroir caillouteux  de Tavel et Lirac, conseillé par son vigneron de beau-père. Résultat : un succès phénoménal… Sur une poignée d’hectares, Eric Pfifferling produit de superbes bouteilles que tout le monde s’arrache.
        Sa philosophie, des vins « natures » et le respect absolu du terroir par la biodynamie.

Domaine de l’Anglore à Tavel  –  04 66 33 08 46.

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Domaine Terre des Chardons   

        Bientôt 40 ans que Jérôme Chardon et sa famille sont installés sur le terroir de Bellegarde, une terre de soleil, de pierres et de vent. En 1999, 9 hectares de vignes sont plantés et conduit en agriculture bio, certifié en biodynamique dès 2002. 

       Les vins du domaine Terre des Chardons offrent un plaisir immédiat à qui aime le fruité et la souplesse des Costières de Nîmes. La cuvée “Marginal » sur une base de syrah est un pur bonheur de fruits, à la bouche ronde et gourmande. Il faut gouter aussi la cuvée “Bienveillant », un grenache croquant aux notes de cerise burlat, de framboise, de poivre et de muscade.

Défenseur de la belle et fière appellation Clairette de Bellegarde, Jérôme Chardon produit sa souriante “Clairette d’été », fraîche, aromatique à souhait qui saura accompagner la cuisine méditerranéenne estivale.

Domaine Terre des Chardons à Bellegarde  06 68 34 81 82

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« La route du Vin 2022 » est à suivre tous les dimanches du mois de juillet et d’août,

dans la page région de Midi Libre.

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