Chateauneufissime ! Clos Mont-Olivet

 Vins de légende n°34

Verticale du Clos Mont-Olivet

Châteauneuf du Pape blanc & rouge de 1989 à 1977

La 34e édition de « Vins de Légende » nous a donné l’occasion d’un passionnante descente dans le temps autour d’un domaine emblématique de Châteauneuf du Pape.

Le Clos Mont-Olivet est la propriété de la famille Sabon, l’une des plus importantes de la région, connues pour les vins traditionnels et de longue garde qu’ils élaborent.

Les bouteilles dégustées acquises lors d’une vente publique semblent avoir été conservées dans de bonnes conditions au vue de leur état général (couleur, niveau, étiquette…). Elles ont été ouvertes une à deux heures à l’avance puis servies dans cet ordre en verre Spiegelau « Authentis »

mont-olivet00Les commentaires des vins notés sur 20 qui suivent ont été rédigés par Nicolas Bon, membre du Club L’Epicuvin, dégustateur émérite et passionné, fondateur et rédacteur du site   http://www.vin-terre-net.com

    Clos Mont-Olivet  à  Châteauneuf du Pape :

La dégustation :

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Blanc 1989 
Robe dorée moyennement soutenue et à la brillance relative. Nez sur les fruits confits, pâte de coings, menthol et quelques notes d’encaustiques. La trame olfactive est d’une belle richesse. La bouche est moins avenante et se démarque des promesses du nez. L’amertume est assez dominante et la fin de bouche révèle une oxydation déjà prononcée.  – 12/20  –

Blanc 1986  
Robe jaune soutenu, d’une belle brillance. Nez complexe, assez riche, marqué par le miel, la pomme au four, des parfums caramélisés et épicés. Contenue dans un volume d’intensité moyenne, la bouche présente une bonne tenue, de la souplesse et aucune lourdeur. Notes épicées et petite mâche finale qui tend vers l’amertume.
Ensemble correct. – 13.5/20  –

mont-olivet4Rouge  1989  
Robe très disparate en fonction de l’ordre de service (précipitation de matière). Nez nettement torréfié, cacao, café froid, fumé et cuir. L’évolution semble bien avancée, ce qui se confirmera en bouche. Matière décadente, tanins décharnés, amertume nette et fin de bouche uniquement tenue par une oxydation marquée. Nettement sur le déclin. (NB : à noter toutefois que le vin fut relativement apprécié par une partie des participants).  – ?  –

Rouge 1987  mont-olivet3
Robe grenat tuilé, relativement limpide. Nez d’intensité moyenne, mais précis, sur des arômes kirschés, herbes aromatiques, jus de cuisson, épices. La bouche est souple, fraîche, certainement en « demi-corps » mais avec une belle tenue et une certaine droiture. Finale d’intensité moyenne, jouant plus sur la finesse que sur la puissance. Tout à fait appréciable. – 14/20  –

Rouge 1985  
Robe tuilée à brique selon l’ordre de service. Nez fin, élégant, avenant, mêlant le tabac blond, les herbes aromatiques, la girolle et les fruits à l’alcool. Grande élégance en bouche où tous les constituants du vin se sont mêlés pour donner à l’ensemble un équilibre juste et précis. On se laisse guider par le fondu des tanins, les parfums d’épices et de tabac et la finale longue et sapide. Très beau vin.  – 17/20  –

Rouge 1984
Robe grenat tuilé. Nez d’approche réducteur, avec des notes de serpillière et d’embruns maritimes flirtant avec le TCA. Évolue sur la truffe, le cuir et des senteurs de musc. La bouche est relativement mince, presque faible, avec des notes végétales. Tanins filiformes et passablement secs. Finale peu longue avec des notes coquillées en retro-olfaction.
Fatigue ou effet millésime ?  -12/20 –

Rouge 1982
Robe terne, couleur « réglisse-café ». Nez sur le cacao amer, le café froid, la torréfaction, évoquant un VDN oxydatif sans en présenter les qualités. Bouche clairement fatiguée, tanins défaillants et matière déstructurée. Comme le 1989, cette bouteille est en soin palliatif.  –  ?  –

mont-olivet2Rouge 1981
Robe grenat orangé, encore relativement brillante. Joli nez assez fin, évoquant la griotte, l’orangette, l’After Eight et le jus de cuisson à l’air. En attaque, le vin paraît relativement souple et rond, mais rapidement, les tanins s’imposent par un grain relativement râpeux tendant vers la sécheresse et l’amertume en fin de bouche. L’équilibre se porte sur la structure et l’on aimerait que ça se fonde un peu, mais à cet âge…  – 13/20  –

Rouge 1980
Robe grenat tuilé assez terne. Nez plaisant, sur le laurier, le romarin, la garrigue, les herbes aromatiques, le cacao, les épices, le cuir. Belle complexité. Bouche mûre et riche, avec des tanins présents mais bien enrobés par un joli gras. Matière ample, mature et, malgré la richesse apparente, non dénuée d’une certaine fraîcheur. C’est profond, élégant, sur les épices et des notes d’évolution rappelant qu’il n’est toutefois plus tout jeune. Très bonne tenue dans l’ensemble.  – 15.5/20  –

Rouge 1977
On rebascule du côté obscur avec cette bouteille qui n’a plus grand chose à proposer (le millésime ne s’y prête pas non plus….). Beaucoup de dépôt parsème une robe restée pourtant relativement brillante. Mais le nez frise le TCA avec des notes iodées/coquillées et clairement végétales. Bouche dépouillée, diluée et d’une souplesse qui frise la maigreur. Longueur relative, toujours empreinte d’un végétal rédhibitoire.  – 11.5/20  –

Le repas :

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Poulpes marinés sur une salade de pois chiches orientale et citrons confits

Clos Mont-Olivet     Châteauneuf du Pape   (blanc)  1988

Robe dorée brillante. Nez sur le nougat, miel, cire (mais sans oxydation). Bouche ronde et fraîche, semblant peu évoluée dans un premier temps. L’accord avec le plat est réussi et « porte » bien le vin. En se réchauffant toutefois, l’amertume finale tend à s’amplifier conférant à l’ensemble une certaine lourdeur et une évolution plus prononcée.
– 13/20  –

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Osso Bucco à l’orange

Clos Mont-Olivet     Châteauneuf du Pape (rouge)  1988

Robe grenat assez sombre. Nez épicé et poivré, évoluant sur le pruneau et les fruits à l’alcool. La bouche marque le pas (le plat domine aussi le vin) et l’évolution paraît assez marquée malgré une matière fondue et intégrée. L’ensemble se pare d’arômes de cacao et de biscuit et la fin de bouche, assez contenue, manque de ressort et de dynamisme. -13.5/20  –

Clos Mont-Olivet     Châteauneuf du Pape (rouge)  1978

Les commentaires du vin sur le plat sont toutefois à relativiser car on connaît la plus value que cela peut lui apporter, d’autant plus que l’accord est ici particulièrement réussi. Robe grenat assez sombre, semblant peu évoluée. Nez complexe et charmeur, qui passé des premières notes torréfiées, nous envoûte par sa fraîcheur avec ses parfums d’eucalyptus, de menthol et d’After Eight qui vont en s’amplifiant à l’air. À la fois chaleureuse et fraîche, la bouche joue sur un équilibre subtil entre charpente et finesse, et délivre des tanins droits, suaves et parfaitement intégrés dans une structure profonde et soyeuse. Longue finale. Excellent. – 18/20  –

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Cheese cake aux garriguettes

Mas Jullien     Carthagène   2014

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mont-olivet9« En conclusion, voici une dégustation assez hétérogène, comme l’on pouvait s’en douter lorsque l’on entre dans le monde des vieux millésimes. Certes, le Clos du Mont Olivet est un cru de bonne facture, présent, sans contexte, parmi les meilleurs crus castelpapaux. Mais dans le contexte de production de l’époque, puis selon les conditions de conservations des bouteilles, il aurait été difficile d’avoir pour chaque vin, le niveau des meilleurs de cette série, tel le 1978, le 1985 ou l’étonnant 1980. Rappelons d’ailleurs, qu’à partir d’un certain âge (en fait on pourrait dire à tout âge, mais cela est en encore plus vrai avec le temps), on ne goûte plus un vin, mais une bouteille. À ce titre, autant je ne miserais pas sur un 1977 ou même un 1981, autant il pourrait être intéressant de re-goûter un 1988, 1986 et 1982 pour infirmer ou confirmer l’évolution prise par ces millésimes dans cette dégustation. Reste que les qualités d’un grand Châteauneuf rouge atteignant l’âge de la plénitude est source de grand plaisir ; mes papilles frissonnent encore sous les assauts gustatifs de l’excellent 1978… »

commentaires écrits par   Nicolas Bon   http://www.vin-terre-net.com

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 Samedi 9 avril 2016 au Bistrot d’Ariane (Lattes)

Les photos couleur sont de Marc Touchat,
celle de Nicolas Bon (noir et blanc) est de Serge Pulfer

 

 

 

 

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