Au “Bistrot d’Ariane” à Lattes
La soirée “Vins du Sud, 7 ans plus tard”, devient un moment incontournable dans le programme du club car, à chaque épisode, nous apprenons beaucoup sur les capacités des vins du Languedoc à évoluer. Si nous sentons comment des vins souvent délicieux dans leur jeunesse, promettant beaucoup, se retrouvent un peu démuni au bout de quelques années, d’autres en revanche démontrent que le terroir possède un réel potentiel surtout lorsque dessus, travaillent des vignerons talentueux.
“Pan sur le bec ! Après trois bons millésimes … le bilan du 96 semble nettement plus mitigé” écrivait Dominique Couvreur au sujet du Languedoc dans la RVF* “Millésime 1996”(juin 1997). Dans le même numéro, Chantal Lecouty remarquait que “… depuis que Parker a encensé les bordeaux 1996, tout le commerce international assimile l’information à l’ensemble du vignoble français… bien que les 1996 soient loin d’être tous bons en Languedoc, tant mieux pour cet effet “booster” que Mr Parker imprime à nos ventes.” Les vins ont été dégustés à l’aveugle, non carafés, dans cet ordre attribué par tirage au sort, dans les verres Spiegelaü “authentis”. Comme pour chaque série, un “vin-pirate” a été ajouté à la liste. En voici quelques commentaires.
Domaine Gauby “Vieilles vignes” Côtes du Roussillon-Villages
Dans sa robe rouge grenat intense, la cuvée “vieilles vignes” du maître de Calce nous apparaît impeccablement vêtue. Le nez plus simple développe des parfums de fruits noirs, d’épices et d’eau de vie dans un intensité moyenne. En bouche, le vin reste plaqué au sol, malgré son attaque ronde il semble atterré par l’alcool et les tannins qui“chauffe” en finale, dans un manque de charme évident.
Abadia Retuerta Sardon del Duero (Espagne)
Le domaine Santa Maria de Retuerta couvre 700 hectares dont plus de 200 plantés en vigne de tempranillo, cabernet sauvignon, merlot, syrah sur la région de Valladolid. La cave d’élevage est remplie de 2000 barriques de chêne, dont 70 % d’origine françaises, le restant provenant d’amérique.
C’est dire si le vin est pris avec le plus grand sérieux, même dans les “petites cuvées”. Celle ci se situe en milieu de gamme (acheté 12,5 € à la Junquera) et a séduit les dégustateurs par sa générosité, notamment par son bouquet énorme de fruits rouges de réglisse douce, de cacao, de boite à cigare et de liqueur de cassis. Très ronde à l’attaque, la bouche se révèle pleine de sèves et d’arômes délicieux. (pains d’épices, crème brûlée, griottes). Son demi-corps et sa longueur moyenne en font un vin facile à boire et immédiatement abordable. Un pirate très sympathique!
Domaine Saint Sernin “l’enclos de l’âne” Minervois
Le grenache de J.B. Senat nous avait enthousiasmé lors de la dégustation “Grenache, noir de soleil” en novembre 2001 (obtenant **** pour le 1997). Pour son premier millésime, le 96 semble moins à l’aise et présente un rouge-grenat peu intense aux notes orangées. Le nez s’ouvre sur des senteurs légèrement oxydatives de fruits blancs en compote, de chocolat au lait. En bouche la sensation est identique, le vin est rond, sèveux, cacaoté, d’une densité légère, les tannins sont doux et souples. Un vin à boire.
Domaine Aupilhac “le Clos” Coteaux du Languedoc-Montpeyroux
“Le Clos” de Sylvain Fadat a mis tout le monde d’accord (ou presque) car il s’est imposé comme le vin le plus dense, le plus riche et le moins évolué de la série. D’une couleur pourpre foncé, il donne à sentir des parfums intenses de myrtille, d’épices orientales, de cuir neuf, de terre et de jus de viande. La bouche est ronde, épaisse, dense, rafraîchie par des notes mentholées et poivrées. Ce vin “droit comme un i”, fait preuve d’une bonne longueur et présente une certaine austérité, ce qui lui laisse encore quelques années à patienter.
Domaine Cabrol “Vent d’est” Cabardès
On ne présente plus le domaine de Mr Carayol qui, sur le terroir de Cabardès, propose des vins véritablement délicieux. Cette cuvée influencée par le climat méditerranéen se présente sous le meilleur jour avec sa robe pourpre nuancée d’orange, son bouquet complexe de fruits rouges mûrs, de noyaux de cerise, de sorbet cassis, de bergamote. Excellemment équilibrée, la bouche fait preuve d’une belle fraîcheur, d’une rondeur avenante et de tannins soyeux. Les cerises griottes, la réglisse, le cake aux olives font partie de la fête. Bravo!
Château Vannières Bandol
Composé de 3/4 de mourvèdre et 1/4 en grenache ce Bandol raffiné se goûte remarquablement dans sa jeunesse et vieilli toujours avec race et harmonie. Celui ci ne déroge pas à la règle. Il apparaît rouge-pourpre profond, avec un nez floral, délicat de crème de cassis, d’amandes grillées, de cuir neuf. La bouche classique, reste séduisante par sa souplesse, ses arômes de “pétales de fleurs de cassis froissées”, de réglisse-zan, de fruits noirs. L’équilibre est parfait, la longueur correcte… on lui présage encore un bel avenir.
Château Lerys “prestige” Fitou
Nous pensons que les encyclopédistes pourraient admettre que Lerys et Fitou soient synonymes, tant les vins de Mr Izard sont véritablement empreints des saveurs du terroir audois. En effet, issus de vieux carignans et vieux grenaches, ils sont riches et marqués par ces arômes reconnaissables de fruits mûrs, de cuir, de viande grillée et de cassis écrasé. La matière est ici présente en rondeur et en souplesse, sa vivacité est un gage de bon évolution, mais saura-t-il résister à un bon cassoulet du dimanche ?
Domaine Raymond Usséglio “réserve” Châteauneuf-du-Pape
Les Usséglio sont nombreux à Châteauneuf et pratiquent l’art de la vigne depuis bien longtemps. Cette” réserve” nous est apparue d’un contexte classique par sa robe grenat tendre, son nez puissant marqué par l’élevage de vieux bois, de confiture de figues et de grillé. Moyennement corsé, il manque d’ampleur et se trouve comme comprimé. La longueur aromatique étant satisfaisante, on en déduit qu’il devrait s’ouvrir pour se déguster de meilleure façon dans 3 à 8 ans.
Domaine Alquier “Maison Jaune” Faugères
Cette “maison jaune” se présente comme à l’accoutumé dans un registre fin et élégant. Le bouquet intense est marqué par la gelée de mûre, les herbes grillées et la mine de crayon. En bouche, nervosité et fruit font bon ménage, les notes d’épices de garrigues sont bien présentes, la finale s’évanouit doucement grâce à sa rondeur et ses notes de liqueur.
Rendez vous dans un an pour un nouvel épisode de“Vins du sud, 7 ans plus tard”.