Une affiche qui fait rêver !
Sept vins de Saint-Emilion et Pomerol du millésime 1985 étaient proposés en dégustation.
Avec d’un coté : Château Cheval Blanc, Château l’Angelus, Château Pavie, et de l’autre, l’équipe Pomerol, composée de Château l’Évangile, Château Église-Clinet, Château Gombaude-Guillot. Le tout à l’aveugle et avec un pirate prévu à l’arbitrage !
Il faut tout d’abord, souligner le niveau commun impressionnant, la grande noblesse et la puissance de chacun nous interpella au 1er nez. Cependant la bouteille du Château Pavie a du être déclassée car elle présentait un très net “goût de bouchon”.
Château L’Angelus – Saint Emilion Grand Cru
Démarra la soirée avec une magnifique robe rouge grenat au disque déjà ambré. le nez puissant et rond nous apparut très charnu et sensuel aux notes de coing en pâte, de chocolat. La bouche peu farouche, nous sembla lisse et onctueuse, très suave aux tannins doux. D’une bonne longueur, c’est un vin très agréable et d’une approche facile. “Une belle femme à la jupe fendue” aurait dit notre ami Michel Dovaz.
Château Vignelaure – Coteaux d’Aix en Provence
Le “pirate” fut invité en seconde position. Habitués aux vins “détonnants”, (voir nos précédentes dégustations), nous fûmes un peu déçus par Vignelaure.Son nez déroutant de chocolat poivré, assez pâle à l’aération, donnait accès à une bouche assez vive et anguleuse aux tannins rustiques et mal fondus. Ce vin fut tout de même apprécié par son côté original et ensoleillé.
Château Combaude-Guillot – Pomerol
Le premier des Pomerol fut l’événement sympathique de la soirée. D’un rouge profond et intense, “robe de soirée”. Le nez complexe et très fin sur des notes de fruits noirs et crème caramel traduisait une noblesse évidente. La bouche charnue et élégante éclairait plusieurs participants sur l’origine du nectar. Élegance et belle conversation?… que demander de plus?
Combaude-Guillot une nouveauté qui en a épaté plus d’un !
Château Eglise Clinet – Pomerol
Ce nectar nous servit de marche-pied pour accéder à un niveau supérieur. Robe superbe: rouge profond, velours grenat, le nez timide en entrée se révéla d’une grande finesse et d’une richesse aromatique extraordinaire (torréfaction, fruits rouges compotés, truffe, menthol…). La bouche massive à l’attaque donne une idée de ce que représente “l’équilibre”. Tannins fins et fondus et surtout… “la grande classe”!
Château l’Évangile – Pomerol
Il est sorti tel le taureau dans l’arène, noir, brillant. Nez fougueux, très empyreumatique, réglissé, animal, des notes de sang, puissance terrifiante… “Dégustateur, prends garde, un oeil noir te regarde…” La bouche est énorme, racée, pleine d’énergie et de concentration. Elle se révèle, frappe, explose. Chaque gorgée nous laisse pour longtemps la mémoire du paséo de couleurs et d’arômes. Lorsque la bouteille fut vide, il se fallut de peu que l’assemblée ne sorte un mouchoir blanc et l’agite dans l’air, pour saluer le grand art du vinificateur et de son terroir !
Château Cheval Blanc – 1er Grand Cru classé A – Saint-Émilion
Si l’Evangile frappe par sa puissance, Cheval Blanc nous a séduit par son équilibre, son harmonie géniale, sa tendre raison qui nous explique que “c’est cela la beauté” ! On ne se pose plus de questions, on l’admet sans réserve. Expliquer Cheval Blanc, c’est analyser la parfaite adéquation entre le terroir, le cépage (cabernet franc majoritaire) et les hommes, mais c’est aussi croire au magique. C’est l’art de la sonate transcendé par Beethoven, c’est la lumière de l’émotion chez Georges de Latour.
Merci à vous.
Daniel Roche
Au restaurant “le Patio ” à Mauguio (Hérault)