Suite à notre déjeuner à Aignes (voir épisode 4) et après avoir remercié Raymond Miquel qui nous a fait découvrir cette jolie table, nous partons cap à l’ouest, au cœur de la région minervoise, encore en terres héraultaises pour quelques kilomètres.
Tandis que mon compère de voyage a pris le volant, il me demande de lui faire un état des lieux sur cette appellation qu’il ne connait pas très bien.
« – Et bien mon cher », dis-je, « Il y a beaucoup à dire sur le vignoble du Minervois qui fut fondé par, devinez qui… les romains. plus tard, ce sont les moines bénédictins qui le mirent en valeur, dès le VIIIe siècle à la Livinière (Cella Vinaria). Le Minervois est une sorte de rectangle entre Carcassonne, Béziers et Narbonne, sur un plateau légèrement basculé vers le sud. Savez-vous qu’il pourrait être considéré comme un résumé du Languedoc à lui tout seul. Les influences climatiques sont diverses, méditerranéenne bien sûr avec la proximité de Narbonne, cévenole au nord par les piémonts de la montagne noire et même atlantique dans sa partie Ouest. L’ensemble est arrosé par quatre cours d’eau, la Cesse, l’Argendouble (au nom assez curieux), l’Ognon et l’Aude, ce dernier marquant grosso modo, la frontière avec les Corbières au sud. La zone est également bien ventée par le cers et la tramontane qui rafraîchissent et sèchent les vignes après les pluies. Oui, il y a de l’eau ici, le vent humide du sud venant de la mer, remonte et apporte les nuages qui viennent crever sur les coteaux de garrigues primaires des derniers balcons de l’Aude.
– Et pour ce qui est des sols ? me demande Ludovic,
– Alors là, cher ami, c’est un festival ! »
Posant alors le livre de Chauvet sur mes genoux, je feuillette l’ouvrage pour reprendre ses mots : » En gros le minervois est un gigantesque escalier de gneiss, schistes, micaschistes, puis de calcaires, de terrasses de lignites ; enfin des mamelons alluvionnaires se fondant littéralement dans la plaine argilo-calcaire de l’Aude… « (1).
On a compris, vu la diversité des terroirs et leur caractère marqué, il n’y a pas un type de vin en minervois, mais de nombreuses versions, différentes, personnelles, uniques, comme on en trouve à profusion dans le vignoble qui nous intéresse, celui qui s’étend du Rhône à la frontière espagnole.