Nous avons une semaine pour découvrir la Sicile, la plus grande île de la Méditerranée.
Très reconnaissable par sa forme elle baigne ses trois côtes dans la mer Tyrrhénienne au nord, la mer Ionienne à l’est et la mer d’Afrique vers le sud-ouest. Relativement peu connue des Français, quelques stéréotypes collent à la peau de cette superbe région, qui se résume dans la formule : Sicile = Mafia + Etna + Marsala. Nous avons donc entrepris le tour de cette île et allions lui découvrir bien d’autres facettes.
C‘est de Marseille que l’avion a décollé pour qu’une heure et demie plus tard, nous atterrissions sur l’aéroport Falcone de Palerme. Le parfum de l’île nous attendait à la réception, baigné de l’air de la mer et des garrigues environnantes.
Nous étions vendredi 10 mai, il était 21h30 et déjà notre première anecdote de voyage. Bagages en main, ce ne fut pas difficile de récupérer le véhicule loué qui patientait sur le grand parking AVIS. Mais il fallut se rendre très vite à l’évidence: le superbe monospace Opel “Zafira” gris métallisé, ne suffirait pas à notre petit groupe et à nos bagages. À 23 h nous repartions vers le bureau de location pour exposer notre problème. Après quelques palabres et explications italiano-anglo-françaises, c’est avec le sourire réconfortant des italiens que le directeur de l’agence nous proposa gratuitement une deuxième voiture, offerte pour la semaine ! Pour remercier le “gentlemen”, je lui offris une bouteille de blanc de Limoux emportée avec d’autres, pour d’éventuels cadeaux à l’habitant. Et c’est par une explosion chaleureuse de joie provoquée par le modeste flacon, que s’ouvrait toute grande la route palermitaine.
Il était près de minuit et il nous fallait maintenant rejoindre l’hôtel, situé de l’autre coté de la capitale sicilienne. Un coup de fil pour prévenir et une petit repas froid nous attendait à la Villa d’Amato, siège de notre première étape.
Le voyage commença vraiment le samedi par la visite du village de Monréale à 8 km au sud de Palerme et son extraordinaire cathédrale où se déploie un cocktail foudroyant d’architecture islamique, byzantine et romane; véritable enchantement avec son cloître et ses incroyables mosaïques dorées qui recouvrent la totalité de l’intérieur de la basilique et du dôme.
C’est à Cefalu, petit village de pêcheurs, que nous déjeunâmes dans une tratoria. Baignés bleu du ciel et de la mer sur la terrasse surplombant les flots, nous nous régalâmes d’un repas tout de poisson et de pasta locale. Le premier vin dégusté alors fut le simple blanc de Corvo, domaine important de la région de Palerme, très accessible et savoureux. Juste avant il faut avouer que nous avions déjà ouvert le bal avec la visite d’une délicieuse cave à vin “le petit tonneau” tenue par une française, pas avare en dégustation, qui nous fit goûter, muscats de panteleria, marsala, et autres liqueurs d’agrumes et de figues… suite au déjeuner, une promenade, des glaces et le café pris sur la place, nous permirent d’observer la vie de cet adorable village de bord de mer.
Le lendemain, c’est dans la cité de Taormine, accrochée à la falaise bordant la mer Ionienne, que nous passâmes le gros de la journée; grands moments avec notamment la visite du théâtre grec, cher à Woody Allen pour y avoir tourné plusieurs séquences de films. Une averse nous fit rabattre dans une pizzeria, en terrasse abritée et nous goûtâmes là, un vin rouge du domaine Donnafugata, fruité et souple se mariant sans problème aux pizze siciliana.
Le soir fut une étape superbe car nous posâmes nos valises dans un palace 5 étoiles situé sur les pentes de l’Etna. À cet endroit, le spectacle vu des fenêtres et surtout de la terrasse est à couper le souffle tellement c’est beau. Dans le parc, un piscine d’eau très chaude, sortie certainement du ventre de la terre, permit à trois d’entre nous de se plonger dans un bain aussi exceptionnel que reposant. Le lundi matin de bonne heure, nous partîmes à l’assaut du volcan ! Ce n’est pas sans une certaine appréhension que nous entamâmes la grimpette du géant. Passant par Nicolisi, l’ascension dura jusqu’au dernier refuge où nous empruntâmes un mini bus 4 x 4 pour monter jusqu’à 2700 mètres d’altitude. Enfin, c’est à pied, tel des montagnards de l’impossible, que nous continuâmes, entre les fumerolles et plaques de neiges, enjambant les blocs de lave juste refroidis, entre deux raclements de gorge et quintes de toux provoqués par les vapeurs de souffre… “Séquence Émotion” dans ce lieu unique entre ciel et nuages, entre lune et désert noir !
Nous descendîmes ensuite au niveau de la mer à Catane, ville peu avenante, pour déjeuner à “la Lampara”, excellent restaurant specialità di mare, avant de filer vers notre prochaine étape.
Syracuse a une énorme réputation mais c’est en fait une ville bruyante sillonnée en tout sens par voitures et scooters au milieu d’immeubles modernes et banals. Son histoire (fondation au VIIeme siècle av JC) jaillit en son plein centre, car la cité est disposée autour de l’antique quartier Néapolis, où grecs et romains ont laissé leurs traces immuables. On y découvre au milieu d’arbre de fleurs et de citronniers, un théâtre grec, un amphithéâtre romain (ruineux), un autel à sacrifices et la fameuse oreille de Dionisio (rien à voir avec Dyonisos). Mais l’endroit magique de la ville, c’est l’île d’Orthygie, attachée à la terre par un pont d’une centaine de mètre, c’est sa base moyenâgeuse. L’ancienne voirie y a été conservée, et au détours d’une ruelle on tombe sur des palais, des fontaines dont celle mythique d’Aréthuse, la promenade du bord de mer ou la cathédrale sur la place centrale. Une visite nocturne est un moment délicieux, car tout y est calme et volupté. Notre retour à l’hôtel fut semé d’embûches assez rigolotes et la maréchaussée locale dut nous aider à retrouver le chemin du “Park Hotel” dans un fou rire que certains ne sont pas prêts d’oublier.
Piazza Armérina est surtout renommée pour sa villa romaine exilée dans sa banlieue champêtre. L’endroit est exceptionnel car cette villa, résidence secondaire de l’empereur Maximien, fut habitée jusqu’au moyen âge puis ensevelie par une coulée de boue. Redécouverte récemment, elle fait découvrir plus de 4000 m2 de mosaïques merveilleuses jusqu’à la lassitude.
On y découvre en un rythme soutenu en se frayant un chemin parmi les visiteurs, des scènes de chasse, l’embarquement des bêtes pour le cirque, des éléphants timides, un tigre devant un miroir, une déesse bleu renaissant de ces cendres, des bacchanales et même des scènes sportives qui nous confirment que les romaines portaient déjà le bikini.
En fin d’après midi, après la route bordée de paysages printaniers; entre oliviers, pinèdes et figuiers de barbaries, nous arrivâmes à Agrigente à l’Hôtel “Les Trois Tours”.
Le repas fut sensas et s’apercevant de notre intérêt pour la chose vineuse, le maître d’hôtel, sommelier de réputation en Italie, nous fit goûter de belles bouteilles, dont le Chardonnay de Planeta 1999 et le rouge 1997 du Duco di Montalbo (100% nero d’avola). Une autre bouteille de Planeta nous accompagna le soir près de la piscine pour une douce nuit illuminée d’étoiles! Une excursion aussi matinale que rapide nous fit admirer la très visitée Vallée des Temples, site admirable avant l’arrivée des cars de touristes tous passionnés d’archéologie!
Il faut dire que nous étions mercredi et nous avions notre premier rendez-vous à Sambucca de Sicilia au Domaine Planeta.
Reçus très gentiment par la signora Claudia Gargano, en français s’il vous plaît, nous appréciâmes une dégustation très “pro” des meilleurs vins de cette cantina réputée dans le monde entier. Chardonnay, “cometa” (100% fiano), merlot, syrah, “le burgelese” (assemblage bordelais), tout est superbement bon chez Planeta… et en plus c’est beau.
On reviendra! Après un pique-nique improvisé nous prîmes la direction de Marsala pour une visite au domaine Donnafugata .
Située en plein centre de la ville, c’est une winery très moderne, remarquablement organisée et décorée. Les vins y sont classiques, vinifiés et élevés à la française.
Nous avons surtout aimé “la Chiandorla del merlo” (chardonnay et ansonica) « Tancredi » (nero d’avola et cabernet), “ le mille y una note” (100% nero d’avola) et “ Ben Ryé” le moscato passito venant de l’île de Pantelleria.
Le lendemain retour à Marsala pour une visite de la cantina Florio, installée au début du XIXeme qui perdure à faire les fameux vins liquoreux, surtout exportés au États Unis… La cave est superbement conçue pour la visite, on y découvre un musée d’outils anciens, et le guide vous montre des tonneaux et foudres pleins depuis plus d’un siècle.
De retour vers Palerme, nous fîmes étape à Segeste. Enrobé dans un écrin de nature, on y découvre un des temples grecs le mieux conservé. Encore un lieu magique et émouvant. C’est en fin d’après midi que la boucle fut bouclée et que nous arrivâmes à Palerme.
Il faut dire que nous étions dépêchés car nous voulions mettre notre nez à “l’enoteca” boutique à vin réputée de la capitale. Nous y entrâment comme dans un temple. Des bouteilles partout sur les murs débordant des étagères en bois, des petites salles, déjà remplies de palermitains de tout âge venant après le travail, déguster un bon verre de vin devant un plateau de charcuterie.
Quelle ambiance et que de flacons, tout le gratin de la Sicile et de l’Italie, quelques vins français (et non des moindres) et étrangers… La huitième merveille du Monde ! inutile de préciser que la tentation d’acheter était grande !
Pour le dernier soir, notre hôtel situé en plein centre, a permis aux moins fatigués une dernière visite nocturne de la ville. Ambiance, bar musical et glaces italiennes… Nous serions bien restés quelques jours de plus.
L‘avion nous attendait et le retour fut impeccable, nous laissant le grand souvenir d’une semaine vécue intensément.
Merci à Tous
Daniel Roche
Les photos sont de Dominique « César » Boudet