Verticale en magnum du Château de Pibarnon en présence du Comte de Saint-Victor
Au restaurant la Closerie à Montpellier
Une occasion pareille ne pouvait se manquer. La venue de Monsieur Eric de Saint Victor à Montpellier à l’occasion du Vinisud, nous a permis d’assister à une des plus belles dégustations jamais réalisée dans le club par le haut niveau qualitatif de TOUS le vins présentés. Situé à 300 mètres d’altitude dans un cirque superbement exposé vers la mer, le Château de Pibarnon exploite 45 ha sur les plus hauts coteaux du terroir de Bandol. Le sol argilo-calcaire qui forme son tènement est remarquable par son ancienneté (150 millions d’années) unique dans l’appellation et la présence de marnes bleues du Santonien, point commun avec le terroir de Pétrus et d’Yquem. On le sait, une des caractéristique de l’AOC Bandol est le cépage qui en fait sa notoriété: le mourvèdre. Ce « macho latin qui s’habille de soie et cultive le baisemain » selon Pierre Casamayor (RVF 02/94). Pibarnon n’en est pas dépourvue bien au contraire, car ce cépage entre à 90% de l’assemblage du rouge et 50% dans le rosé.
Les vins dégustés ce soir ont été servis dans cet ordre, en voici quelques mots.
DEGUSTATION
Blanc 2002
L’exposition nord des vignes de clairette, de bourboulenc et d’autres cépages locaux traditionnels, qui font partie de l’assemblage du blanc, explique en partie sa complexité aromatique. D’une couleur pâle brillante à reflets argents, le vin exhale un bouquet puissant et subtil de miel, de citron confit et de jasmin. Véritable gourmandise en bouche, il présente un rondeur remarquable souligné par des notes d’épices et de fleurs épanouies. Élégance et finesse sont les adjectifs les mieux appropriés à ce Bandol blanc, idéal à boire sur des
poissons de roches.
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Rosé 2003![]() Vin dieu! Il m’a été rarement donné de dégusté un rosé aussi somptueux. Robe brillante impeccablement nuancée de fuchsia, le nez explose sur des parfums de fruits rouges très mûrs, de réglisse douce, de fleurs et d’épices de garrigue. La bouche s’ouvre généreusement dans un impression de plénitude et de plaisir gustatif rare et long. On vendrait facilement son âme pour un verre de ce nectar avec des filets de rougets au basilic et à l’huile d’olive. |
Rouge 2001 (en magnum)
Grand millésime dans le Sud, 2001 l’est aussi à Bandol. Pour preuve ce rouge à la robe rubis violine très foncé, captivant par son nez, encore en attente, de cuir, de tabac blond, de mûres et d’épices. La bouche séduit dès l’attaque par sa rondeur et la fraîcheur de son équilibre, les arômes restent discrets mais la classe est là avec “un vrai potentiel ravageur et envoûtant » .
Rouge 2000 (en magnum)
Pourpre en couleur, complexe en nez, le 2000 débute en fanfare. Le vin est ensoleillé et joyeux avec son bouquet gourmand de cacao, de fruits noirs, d’olive, de mine de crayon. Véritable appel aux instances de Bacchus, il roule en bouche épicé et violent avec ses tanins fins, réglisés et longs. D’ors et déjà délicieux il sera difficile de le garder.
Rouge 1997 (en magnum)
Voilà 6 ans qu’il a été conçu, le vin entre en phase de maturité. Habillé de grenat, il développe ses premiers parfums tertiaires de fruits confits, de réglisse, de ganache chocolat, de pétrole et de truffe. Ronde, élégante, riche la bouche surprend encore par sa vivacité, son équilibre et ses tanins en dentelles… un régal!
Rouge 1993 (en magnum)
La belle robe grenat profonde ne trahie pas l’évolution de ce vin aujourd’hui au top de sa forme. Une grande complexité et netteté caractérise son bouquet par ses notes appuyées de cerise, de bagages de luxe, de havane, de tapenade. La bouche fait dans l’harmonie: saveurs, arômes et tanins se complètent pour le plus grand plaisir de l’oenophile.
Rouge 1990 (en magnum)
Que dire de ce 90, racé et long, à la robe presque noire, à son bouquet élégantissime de senteurs méditerranéennes, à sa bouche construite comme un temple en hommage au cépage roi !
Rouge 1988 (en magnum)
C’est tout en finesse que le 88 s’exprime après 15 ans, Avec ses notes de fraises écrasées, de jus de rôti, sa rondeur, son velouté , ses arômes d’épices de Sechuan et de cacao, il fait figure de vin idéal, se suffisant à lui même, juste pour la méditation !
Rouge 1985 (en magnum)
Sous les feux des projecteurs, une robe dense, une palette aromatique de folie (figues, orange, goudron, menthol, truffe en chocolat) une bouche ample, aussi énorme que charmeuse, une race évidente, une longueur à couper le souffle … La diva entame “l’air de Violetta”* et le public est aux anges.
* La Traviata de Giuseppe Verdi avec Iléana Cotrubas (soprano), Carlos Kleiber dirige le choeur et orchestre de Bavière (disque Deutsche Grammophon)
REPAS
Château de Pibarnon 1998 (en magnum) C’est avec une Pièce de boeuf poèlée en sauce au vin de Pibarnon (1994) que nous avons ouvert le magnum 1998. Comme on s’y attendait l’accords fut idéal grâce à la matière du vin somptueuse, énorme et ronde et à la viande de boeuf charolais saignante, savoureuse, goûteuse et tendre.
Château de Pibarnon 2003
Le pari audacieux de proposer le Chateau de Pibarnon rouge 2003 (brut de cuve) avec le dessert, a été couronné du plus grand succès. Les arômes fruités du vin, la souplesse du corps, sa vivacité et son entrain ont donné un répondant sensationnel au Bavarois aux fruits rouges sur génoise chocolat préparé par le chef de “la Closerie”.
Merci encore au Comte de Saint Victor pour cette soirée que l’on est pas prêt d’oublier.
Merci à tous.
Bandoleusement,