Une horizontale grands vins rouges 1991

20 ans séparent les deux moments fatidiques : celui de la vinification et celui de la dégustation. Pendant ce temps-là, les bouteilles ont peut-être eu des parcours différents. Certaines ont dormi sagement en cave, d’autres ont voyagé, nul ne sachant précisément comment !

Les vins seront-ils au meilleur niveau ? Rappelons nous que le commentaire ne porte que sur un seul échantillon… La vérité est dans le verre !

Tous le vins dégustés sont du millésime 1991, ils ont été ouverts la veille (sans carafage) et dégustés dans cet ordre aléatoire en verre Spiegelhau « expert »

Dégustation

Auguste Clape – Cornas 
Le premier vin offre une belle robe grenat foncé au disque orangé, brillante, tandis qu’en premier nez, il présente des notes animales vite dissipées au profit de senteurs d’épices, de cerises noires, de terreau et de cacao. La bouche est ronde, élégante, joliment fruitée et vive. Les épices et le fruit sont toujours présents avec le bonus réglissé pendant la longue finale… Bravo !

Domaine Baruel – de Pays du Gard 
Dégusté à sa sortie, ce vin paraissait austère et dur comme un paysan cévenol. 20 ans plus tard il s’est civilisé, quel changement! La robe est toujours aussi intense et noire le nez est ouvert, expressif, très agréable et complexe aux superbes parfums de garrigues, d’olives, de myrtille, de poivre… La bouche est massive mais aux angles arrondis par le temps. Puissante, animale, ténébreuse, encore tannique elle n’en est pas moins très agréable et destinée à accompagner un gibier à la broche !

Albert Morot “Les Marconnets” – Beaune 1er cru 
Voilà une superbe robe bourguignonne, rouge pâle et brillante. Le bouquet intense séduit par de belles expressions de fruits noirs, de lard fumé, de rose fanée. En bouche, la matière est souple, élégante, équilibrée délicate un peu simple en finale mais très fraîche et fruitée.

Domaine Baillaury – Collioure (*)  –
À première vue il y a un problème car la couleur est orangée, et trouble. Le nez confirme l’oxydation et le manque de netteté, la bouche est fatiguée, sèche et largement défaillante … Indégustable !

Domaine Engel – Clos de Vougeot Grand cru 
Un aspect brun pâle tuilé nous donne des inquiétudes, mais le nez est en pleine forme: intense et fruité, marqué par les épices douces, le moka, la viande fumée… La bouche n’a rien perdu de son charme, ronde, riche, animale et fruitée, la finale est longue aux tanins présents. Ce Clos Vougeot sera de haut niveau à table.

Prieuré Saint-Jean-de-Bébian – Coteaux du Languedoc 
La robe foncée est déjà un élément indiquant sa puissance et le bouquet confirme par ses notes de cuir, de pruneau, de graphite et de tapenade noire. Superbe matière e bouche un vin concentré à l’attaque, solide et tannique, il manque juste une peu de fraîcheur pour lui donner le relief d’un grand cru.

Château Cos d’Estournel – Saint-Estèphe 
Quelle belle robe brillante, noir bleuté comme la pelisse d’une panthère. Le bouquet explose de fruit, bouillon de viande, de cacao et de liqueur de montagne ! Magnifique extrait en bouche un vin riche, exaltant par sa complexité, sa finesse et sa concentration réunies. La finale est mentholée, animale en rappel de tarte Tatin ! Longueur épatante…

Château Musar – Bekaa valley (Liban) 
C’est le pirate de la série. Déjà dégusté il y a 10 ans (voir commentaires en 2001) Musar est très réputé surtout en Angleterre. En effet, le château Musar a explosé médiatiquement dans le monde des grands amateurs de vin après la foire des vins de Bristol en 1979 où il fit sensation. Composé de cabernet et de cinsault, il sidère le dégustateur par sa classe, et son équilibre septentrional pour un vin produit sous le soleil ardent du Liban. Il aura fallu énormément de courage et de passion à Gaston Hochar et surtout son fils Serge, pour vinifier le millésime 1991 dans des conditions souvent périlleuses, au milieu des missiles palestiniens et des chars syriens. Le vin est aujourd’hui toujours épatant, presque excessif. Le boisé est maintenant fondu, le fruit est toujours présent en bouche comme au nez, accompagné de notes empyreumatiques de torréfaction, de liqueur, de cèdre (du Liban!) de tabac et de champignons frais. Ce 91 reste un vrai régal !

Les vins préférés des dégustateurs présents:

  1. Vougeot
  2. Cos d’Estournel
  3. Clape
  4. Musar

Au repas

  • Henri Gouges – Nuits-Saint-Georges 1er cru « les Porrets-St-Georges » (blanc) ***
  • Domaine Champet – Côte-Rôtie ****
  • Château des Estanilles – Faugères ***
  • Cave L’Étoile « extra vieux » – Banyuls ****

Merci à tous pour ce très agréable retour dans le temps.

Daniel Roche

30 mars 2012 au  Restaurant Mazerand à Lattes (Hérault)

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s