Château des Estanilles… la verticale

 

Au Restaurant Le MAZERAND à Lattes

estanilles

 Michel LOUISON a abandonné son métier d’électricien en bâtiment et sa ferme en Savoie, pour se retrouver, en 1976, à la tête d’une vingtaine d’hectare de vignes plus ou moins abandonnées, à Lenthéric en pays Faugèrois, et ça n’a pas été tous les jours facile
Aujourd’hui, n’en déplaise à sa modestie, il est considéré comme un des plus talentueux vignerons de France et fait figure de Maître pour les jeunes qui s’installent. Les oenologues, les sommeliers et amateurs oenophiles qu’ils soient de Montpellier, de Tokyo, d’Amsterdam ou de New York cherchent à goûter le plus souvent possible le « Château des Estanilles » et notamment la « Cuvée Syrah ». Aussi, plus qu’un honneur, ce fut un réel plaisir de partager cette dégustation avec Monsieur Louison et sa fille Sophie, venus à ma demande, commenter cette verticale de la fameuse « Cuvée Syrah ».
Pour cet événement, nous avons choisi de débuter la dégustation par les anciens millésimes pour finir par les plus récents, carafés au préalable.

1988 
La robe apparaît très jeune, grenat intense aux reflets noirs. Le nez s’exhibe avec facilité et développe des parfums subtils de cerise noire, de cacao, d’épice… L’attaque ronde et souple en bouche perd un peu d’énergie en faisant ressortir un léger déséquilibre acidité-tannins. La riches-se aromatique donne à ce vin une très agréable finale réglissée, de notes de tabac et de garrigue. Du fait de la jeunesse des vignes, il ne peut prétendre à une grande garde et je pense qu’il fut meilleur.

1989 
La nuance grenat cuivré de la robe présente, sans le trahir, la marque d’un millésime chaud et ensoleillé. Le nez intense se révèle original par ces parfums floraux, de menthol, d’épices douces et d’herbes mouillées, c’est élégant, presque exotique. La bouche moins aromatique que le précédent gagne en équilibre. Son grain plus fin, ses tannins fondus et délicats, bref sa matière donnent à ce jus de syrah, un charme tout en élégance et fraîcheur.


1990 
D’un rouge pourpre grenat, profondément colorée, la robe se fait séductrice. Avec un bouquet énorme de fruits rouges confits, de torréfaction, de fourrure, d’herbes odorantes du maquis, le nez prépare de la meilleure des façons à l’ampleur et à la sensualité de la bouche. la matière est souple tout en rondeur, sans débordement de puissance mais avec élégance et classe. Tannins fondus, belle finale d’eau de vie, effluves de Havane, c’est un vin à déguster doucement, installé dans un fauteuil profond, le chat sur les genoux et se laissant porter par la douce lumière d’une flambée de cheminée.

(déjà dégusté le 24/11/92 « les Géants du Sud » noté ****(*))


1991 
La robe rouge grenat est intense, très intense. Pour le nez, « pagnolesque », c’est une suite de parfums de réglisse, d’olives , de cassis cuit puis de sous-bois discret , de « tabatière en bois exotique ». puissant et rond en bouche, ce millésime ne faiblit pas une seconde , un poil moins racé que le précédent, il joue sur les rondeurs, la matière sensuelle, la chair du vin, le tout sur une finale vibrante d’épices et de poivre rose (fruité) … Superbe !
(déjà dégusté le 31/01/98 « Vins du Sud, 7 ans plus tard.. 1991 » noté ****)


1992 

La jolie couleur séductrice tendrement violette, indique une parfaite conservation de la bouteille. Mal habitué par les précédents (!),le nez soufre d’un boisé un peu trop présent, plus simple et plus « moderne », il reste franc, typé syrah, poivré, fruits noirs, zan, cuir neuf. Délicieuse et d’une grande souplesse, la bouche satisfait aujourd’hui nos palais par ses arômes bien présents, sa texture, son élégance. A boire maintenant, pour des plaisirs non intellectuels.

(déjà dégusté le 5/03/99″ vins du sud, 7 ans plus tard… 1992″ noté ***)


1993 
L’année de la grêle ! la vendange a demandé un travail énorme, rapide et un trie déchirant. 50% de la récolte perdue, reste le vin…
La robe est intense presque noire. Le nez est concentré, riche, austère, parfums « estanillant »de garrigue et de syrah, la bouche puissante présente une matière énorme et épaisse.. de la mâche. L’équilibre semble parfait, même Si « on sent le raisin stressé » affirme Michel LOUISON. Notes de violettes, de sang, de torréfaction, de griottes, de tabac blond, les arômes sont généreux. Il est possible d’attendre encore, c’est long !


1994 

D’une couleur grenat pourpre intense, la robe évoque la puissance du nectar de schiste. Egalement intense, Si ce n’est davantage, le nez évoque la cerise noire, le poivre, le laurier, le fumé, la violette presque avec violence. Sur le même registre, la bouche prend le relais sans faiblir, riche, équilibrée, glycérinée, tannique, racée. la longueur interpelle (8/9). On aime sans compter et il n’est pas interdit d’en cacher derrière les fagots.


1995 
Superbe robe rouge grenat profonde. Très frais, le nez empyreumatique évolue vers des parfums d’épices, de violette, d’eucalyptus. La bouche est riche, ronde, marquée par les arômes de garrigue et des notes de grillé. C’est un vin corsé à attendre mais déjà harmonieux et gourmand, d’une grande classe il réclame une cuisine de caractère méditerranéen.
(déjà dégusté le 22/04/99 « les meilleurs du LANGUEDOC » noté ****)


1996 
La robe « annonce la couleur »: pourpre intense profonde. le verre déborde de parfums de cerises noires, de réglisse et d’épices poivrées, et d’arabica . La puissance persiste en bouche et les arômes se conjuguent avec l’équilibre pour donner une impression de velouté et de gras particulièrement recherchée par l’amateur épicurien. On ne peut résister… Grandiose!


1997 
D’un rouge-rubis intense et brillant, le verre développe, tel un concerto pour orchestre, une pléiade de parfums aussi nombreux que fins, aussi élégants que nets. C’est indéniable, 97 est une réussite. Sur le même format que le millésime précédent, il doit patienter quelques années dans votre cave et enivrera de beauté les vrais amateurs « d’Esprit Languedocien ».


1998 
D’une mise en bouteille très récente, ce bébé est plus que charmant . Joufflu, il laisse envisager une carrière de jeune premier doué d’une puissance propre au millésime. Comme toujours le vin est remarquablement équilibré et fait preuve d’une excellent acidité qui fait parfois défaut sur les schistes noirs de Faugères. Ici pas de problème, c’est long, gras, net, tannique, à réserver de toute urgence!

Qu’elle série! Onze vins qui nous ont raconté l’histoire d’une des plus belles décennies du siècle. Le Languedoc gagne dorénavant la reconnaissance qualitative des amateurs du monde entier et la famille LOUISON y a contribué grandement.

Mille bravos et encore merci pour tout ce plaisir.

Votre dévoué,

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