Château Cos d’Estournel
2ème Grand Cru Classé à Saint Estèphe
1971 à 2002
Restaurant Mazerand, à Lattes (Hérault)
En quittant vers le Nord, la zone de Pauillac par la D2, on ne peut qu’être frappé de stupéfaction devant le château, imposant édifice crée par Louis Gaspart d’Estournel, véritable palais du vin, « dans le genre chinois » notait alors Stendhal.
Un lion, symbole de force, et une licorne, symbole de pureté, surmontent l’arc de Triomphe accueillant les visiteurs. En 1820, le propriétaire qui exportait ses vins en Inde fit surmonter le chai de trois pagodes indiennes à clochetons et rapporta de Zanzibar une porte en bois sculpté du XVII ème siècle.
Tous les grands dégustateurs affirment que les vins de Cos d’Estournel sont un modèle de régularité, et qu’ils ne déçoivent jamais. Dans les petits millésimes, ils sont délicieux et dans les grands, ils frôlent le génie !
Les vins ont été servis en verre Spiegelau Authentis n°2, dans un ordre choisi, millésime dissimulé. (Le chiffre entre parenthèses indique l’ordre de passage)
1971… L’année des petits volumes. (3)
Drapé d’une robe grenat pâle tuilé, le vin présente un bouquet d’intensité modérée en forme d’une fine dentelle de parfums. Fruits rouges mûrs, épices safranées, cuir, café crème, liqueur de cerise forment un bouquet séduisant. La bouche marque le début de son déclin, très souple et d’une belle élégance, il développe encore de jolis arômes de fraises mûres et de café, les tanins sont lisses et la finale un peu aqueuse. L’ensemble reste très plaisant.
1983… L’année tropicale. (2)
Un grenat orangé et profond, un bouquet puissant et complexe sont les premières approches de cette bouteille âgée de 23 ans. Les parfums de cacao, de cuir, d’olives noires, et de truffes débordent littéralement du verre. Moyennement corsée et ronde, la bouche révèle des arômes tendres et fruités, ainsi que des tannins fins et joliment persistants.
1986… L’année de l’équilibre. (9)
Ce vin non carafé présente à l’ouverture des notes de réductions marquées. Une grande aération est nécessaire pour laisser exprimer le bouquet et ses notes de fruits rouges, de cuir, de terre humide et de tabac blond. Assez corsée, la matière en bouche est mal équilibrée. Ronde à l’attaque, elle évolue vers des tanins austères exprimant une réelle dureté en finale. C’est une déception pour cette bouteille issue d’un millésime réputé.
1990… La grande année. (10)
Vêtu de grenat pourpre légèrement orangé et brillant, le 90 manifeste un nez aromatique et épicé de boisé, de cerises noires et de cacao. D’une belle concentration, il présente un magnifique équilibre entre rondeur, souplesse et finale tannique. D’une grande profondeur, sa savoureuse longueur en fait un vin de haut niveau.
1992… L’année du bon vigneron. (1)
Ce vin âgé de 14 ans arbore une superbe robe étonnamment colorée de pourpre. En cette année difficile où seuls les bons vignerons ont obtenu des résultats probants, le Cos d’Estournel offre une bouche souple en demi-corps mais bien équilibrée. Les Arômes sont élégants et la longueur plus qu’acceptable.
1995 … L’année des chaleurs. (5)
La robe grenat noire aux reflets de rubis est une indication à la puissance du millésime. Avec un doux nez de fruits noirs, de jus de viande, de cacao et d’épices, ce vin assez corsé affiche un fruité merveilleusement fin, dans un ensemble fabuleusement pur et précis. D’une admirable franchise, il déploie des notes de cuir, de réglisse de pharmacie et de minéral concassé proche des grands Pauillac. En finale, sa longueur laisse deviner un avenir prometteur.
1996… L’année des degrés records. (6)
Le 96 révèle un potentiel extraordinaire, d’abords par sa robe noire et profonde, puis par son bouquet puissant d’épices, marqué par le cuir et le café grillé. Corsé en bouche, riche en liqueur et en tannins, sa souplesse et sa rondeur donnent déjà d’agréables sensations sensuelles.
1998… « Août fait le moût ». (7)
Ample et élégant, le 98 est aussi fabuleusement massif et concentré. Vêtu de rubis foncé, il exhale un bouquet superbe aussi gourmand qu’une cuisine à l’instant du réveillon. La bouche séduit par son gras et ses tannins ronds et souples. Ce vin sèveux, viril et fin est un plébiscite aux grands Médoc que l’on peut boire dans leur jeunesse et que l’on peut patienter plusieurs décennies.
2000… L’année désirée. (4)
Noire opaque, la robe évoque au premier regard la puissance du nectar. Généreux dans ses parfums, le bouquet varie les plaisirs entre fruits secs grillés, poivre, cassis écrasé, jus de viande et boîte à cigare. Superbe de densité, le vin colle littéralement au palais par ses tannins fins et son doux velouté de fruit et de chocolat. La finale reste fraîche et reposante, le vin glisse tout seul !
2002… L’année exceptionnelle.(8)
Elégamment habillé de pourpre bleue et quoique fermé au nez, ce vin d’une grande fraîcheur, étonne par son accès immédiatement gourmand. La bouche révèle un ensemble riche, rond, voire crémeux, remarquablement doté de tanins fins et précis. D’un très bel équilibre savoureux, l’ensemble devrait se développer pour un vin très parfumé, superbe pour son alliance de richesse et d’harmonie.
Merci à tous,