Au Bistrot d’Ariane à Lattes (Hérault)
2001 – 1998 – 1995
Pour la première soirée de 2009, nous ouvrons le programme du trimestre par la désormais traditionnelle série « Contre le reste du monde ». C’est la cuvée « Réserve les Bastides » du réputé mais modeste vigneron Jean Michel Alquier que nous avons comparée avec d’autres vins de hauts niveaux, « grappillés » çà et là sur le restant de la planète viticole. Bien sûr les vins sont différents et c’est plus leurs caractères et leur style qui seront en confrontation amicale que les vins eux-mêmes… Le tout restant une simple recherche de plaisir hédoniste, celui de goûter en ce début d’année frileux, quelques belles bouteilles de vins rouges puissants!
Trois millésimes ont été choisis, tous grands et aujourd’hui à maturité.
Voici mes commentaires des bouteilles présentées, dans l’ordre de dégustation, à l’aveugle, en verre Speigelhau Authentis.
— 2001 —
Château Revelette « le grand rouge » – Coteaux d’Aix 2001
Ce bel assemblage de cabernet et syrah séduit immédiatement par sa robe foncée opaque. À la suite de légères note de réduction, le bouquet s’ouvre superbement sur des parfums de mûres, vanille et moka. La bouche déploie une belle rondeur laissant apparaître des tanins amples et fermes. La longueur est correcte mais un peu chaude.
Jean Michel Alquier « Réserve les Bastides d’Alquier » – Faugères 2001
Une belle robe grenat bordée d’orange ouvre le bal… Mazette quel nez! La puissance et la finesse sont de mise avec des notes toastées et cacaotées. Suivent le laurier, le cuir neuf, les myrtilles, le poivre… En bouche, l’attaque est ronde et précise. La structure exposée caresse le palais par des tanins soyeux sur un équilibre parfait. Les arômes sont fins, le style élégant, la finale longue… Bravo!
Massolino « Vigna Parafada » – Barolo 2001 (Italie)
La robe grenat pourpre, presque noire, évoque sa puissance. Le bouquet énorme expose une richesse hors du commun. Des notes de griottes, chocolat, olives noires, épices, magret de canard, crayon, menthol envahissent les narines. Le vin couvre majestueusement le palais, rond, gourmand, frais, soyeux, royal! Le milieu de bouche apparaît un peu chaud (ce qui a eu pour effet de déplaire à certains), mais les tanins de velours tapissent et attendent la gigue de chevreuil. La longueur est magnifique, le bonheur est là!.. Italie quand tu nous tiens! Voici un bel exemple de Casanova piémontais; comme on les aime dans les bons millésimes.
— 1998 —
Alta-Vista »Alto »- Mendoza 1998 (Argentine)
Un « super south-american » pourrais-t-on dire! Composé de malbec et élevé dans le plus grand luxe, ce vin riche en couleurs et en saveurs peut rivaliser avec les plus grand parkerisés de ce monde. Il a pour lui une réelle gourmandise et l’étoffe d’un joli boisé fondu. La palette aromatique est « incredible » et 10 ans plus tard, il n’a pas pris une ride de sécheresse. Il séduit un peu lourdement nos papilles qui ne peuvent résister et tombent sous le charme… Parce que ça reste rudement bon!
Jean Michel Alquier « Réserve les Bastides d’Alquier » – Faugères 1998
Le Faugères de 10 ans présente une robe grenat d’intensité moyenne orangé et brillante. Le nez exhale de fins arômes de fruits noirs, de moka, de réglisse, de cuir mais la netteté semble faire légèrement défaut au bouquet. En bouche, le vin s’exprime en finesse par son équilibre tendu, sa structure moyenne, sa fraîcheur, ses tanins ciselés. Sans magie mais avec grâce, il nous transmet la profondeur de son terroir de schistes, la race de son encépagement et de son élevage, la générosité de son millésime.
Michel Chapoutier « Croix des bois » – Châteauneuf-du-Pape 1998(?)
Bien curieux ce rouge pâle, couleur brique et largement tuilé. Curieux également ce nez oxydé, « rancio », d »écorce d’orange de fruit compotés, de chocolat au lait, qui rappelle les grenaches doux du Roussillon. Curieux encore la bouche légère, sucrée, fatiguée ou fermée? Nul ne s’engage à l’affirmer.
— 1995 — (en magnum)
Alain Graillot « Guiraude » – Crozes-Hermitage 1995
Une robe pâle orangée semble la marque d’un vin léger. Que nenni chers amis! le nez possède un autre registre, celui de fruits mûrs de nos jardins, des épices d’Assouan, du tabac de Havane, des tomates confites de Sicile, des réglisses « tête de nègre » de notre enfance. En bouche, le vin résiste, il se fait ample et intense, il tient la distance, joyeux, gourmand, élégant, soyeux, frais, frais, frais. Un bonheur impossible à cracher!
Jean Michel Alquier « Réserve les Bastides d’Alquier » – Faugères 1995 –
Il en fallait un ce soir, ce fut sur lui que tomba la malédiction du bouchon fou ! ( un magnum en plus rrrrh!)
Domaine Sarda-Malet « Terroir malloiles » – Côtes du Roussillon 1995
Une présentation en robe de soirée noire et longue pour ce puissant nectar qui fleure bon la garrigue, le fenouil, les fraises, le jus viande, le cuir, les orangettes… L’attaque du vin sur la langue fait plaisir à ressentir, sa belle matière canalisée pour donner une impression de richesse souple, d’énergie savoureuse, de tannins fermes et veloutés, de longueur respectable. La bouche serait parfaite si sa finale « hot » ne laissait au dégustateur une impression de « coup de soleil ».
Merci à tous, pour tant de plaisir.
Classement des dégustateurs :
- Sarda-Malet 1995
- Alta-Vista 1998
- Graillot 1995
- « Bastides » 2001