Une immense perte !

Nous somme anéantis…
Nous  venons d’apprendre le décès de Laurent Vaillé  le fabuleux vinificateur de la Grange des Pères à Aniane.
C’est une perte immense pour les amateurs de vin et de gastronomie du monde entier.Toutes nos pensées vont à sa famille et ses proches dans ce moment  si douloureux et difficile à affronter.

Voici quelques témoignages e membres et amis du club.

Daniel Roche  (Fondateur et président de l’Epicuvin) :
           « C’était en 1991, je travaillais alors au syndicat des Coteaux du Languedoc où j’avais comme collègue, une jeune femme qui allait devenir Mme Fadat. C’est donc à ce titre que j’ai été invité à l’anniversaire de Sylvain Fadat le fameux vigneron précurseur de Montpeyroux au Domaine d’Aupilhac. Lors de la soirée du mariage, je discutai avec Sylvain lorsqu’il me dit :  » Tu vois Daniel ce jeune là bas, il va produire le meilleur vin du Languedoc…  » je souriais, un peu sceptique, prenant cette affirmation comme on peut parler gentiment d’une jolie fille en disant qu’elle et « la plus belle de la région » (voire du monde !). Cependant, j’allai tout de même saluer ce grand garçon au complet gris, assis seul, au coin d’une table. Nous parlâmes un bon moment et je fus rapidement conquis par son sourire, sa voix douce et son regard sincère. je lui demandai comment s’appelait son domaine et il me dit un nom que ne fixa pas ma mémoire. Je promettai tout de même d’aller le voir quand son premier millésime serait sorti.
        Quelques mois passèrent, la vie suivait son cours et je changeai de patron pour travailler dorénavant dans la boutique des Caves Notre Dame. Quand un matin de printemps 1994, nous reçûmes au magasin, quelques bouteilles d’un vin rouge du millésime 1992, à l’étiquette sobre et élégante, dans un carton d’où exhalait le doux parfum d’un brin de thym et de laurier encore frais. Son nom nous sembla peu évocateur : La Grange des Pères! Avec mes collègues du moment, nous dégustâmes le nectar et là… Alléluia ! C’est quoi ce vin ? c’est quoi cet enchantement ? C’est pas possible ! On est en Languedoc ?… Nous étions tous sidérés par ce moment divin qui ouvrait nos sens sur un vin incroyablement délicieux et juste fabuleux !
           C’est alors que me revint l’anecdote du mariage et quelques jours plus tard je visitai la cave de Laurent… je me rappelle l’avoir quitté assez tard ce soir là avec en cadeau une bouteille de son blanc… Quel personnage merveilleux.
          Le premier millésime 1992 a fait, dès sa sortie, l’effet d’une bombe. Les amateurs, les cavistes et les médias ont pris d’assaut le domaine et Laurent a dû se protéger faisant face à la demande tous les jours grandissante. Il devait « gérer la pénurie » comme il disait.  Les années ont suivi, j’ai rencontré Laurent régulièrement, il est venu trois fois aux dégustations du Club L’Epicuvin, toujours modeste et silencieux. Puis il a refusé mes invitations car trop de demandes, trop de pression, trop de stress aussi… Chose que j’ai parfaitement comprise et je ne l’ai plus jamais « embêté » avec ça !
           J’ai aussi le souvenir d’avoir assisté à une corrida à Nîmes avec lui, et nous avons fini la soirée sur la terrasse du San Francisco, du sieur Michel Hermet. Nous n’avons pas bu son vin, juste un beau Chablis de chez Dauvissat.
         Mon dernier souvenir, très cruel aujourd’hui, remonte trois jours avant sa mort où je suis allé au domaine. Nous avons parlé longuement, pas de son vin, mais de voyages, de gastronomie, d’Italie, d’opéra, de restaurants espagnols, du prix des vins de Bourgogne… En partant je lui ai demandé quelques bouteilles de son 2017, que je n’ai pas reçues l’an dernier, confinement oblige. II m’a alors répondu: « Passes me voir le mois prochain, Daniel, je te les préparerai… »!   Quelle tristesse !

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Laurent Pécheur (membre du club depuis 1999) :

          « Je n’ai eu l’occasion de ne le rencontrer que deux fois et à chaque fois en étant toujours intimidé par ce regard réservé qui pouvait laisser croire à une exaspérante indifférence mais qui n’était que la barrière de sa grande timidité ; L’occasion de demander sur la pointe des pieds quelques précisions à ce faiseur de nectars et de lui redire que l’une de mes premières dégustations s’était faite avec l’une de ses bouteilles et avait transformé à jamais ma vision des nouveaux vignerons languedociens !


      Nul doute que ses vins fassent encore longtemps parler de lui : ils sont dorénavant dans la légende du monde du vin …  »  

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Nicolas Bon  (ex-membre et ami du club) :

     Je n’ai toujours pas les mots pour dire ce que je ressens. Je connaissais l’homme bien évidemment, mais bien d’autres de ses amis. Je n’ai pas perdu un ami au sens strict du terme, j’ai perdu un guide. Le guide de ma passion du vin, celle qui m’anime depuis presque 20 ans. J’étais un fan inconditionnel. Environ 150 bouteilles de Grange bues à diverses occasions. Je me souviens presque de toutes… Je n’exagère pas… 150 moments de pur bonheur. Du plaisir en bouteille.
      Ce n’est pas un ami que j’ai perdu, c’est un pan entier de ma passion de vin qui s’est brusquement effondré. Un fil rouge rompu à jamais. 
      Je devais y passer ce lundi, prendre ma petite allocation, comme depuis 10 ans maintenant. J’avais prévu ma journée, car avec Laurent, on savait quand on entrait dans la cave, mais jamais quand on en remonterait… Et avec toute cette merde actuelle, on ne pourra même pas lui rendre un dernier hommage. Cruel…  

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Quelques commentaires de dégustations de la Grange des Pères

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