au « Bistrot d’Ariane” à Lattes

Au hit-parade des cépages blancs, se sont toujours les mêmes que l’on retrouve. Qui n’a pas préféré le choix d’un vin à base de chardonnay plutôt que de grenache blanc, de viognier plutôt que de vermentino et ne parlons pas de romorantin, de maccabeu, de tourbat ou de clairette blanche. Sans vouloir faire de comparaisons hasardeuses sur les qualités organoleptiques de l’un ou de l’autre, il est bien dommage de constater que certains cépages blancs (ou rouges) règnent en despote dans les casiers de cavistes ou sur les cartes de restaurants et raflent tous les prix de la « World Company”.
Ce soir nous avons ouvert nos coeurs à quelques valeurs sûres et à d’autres. Les vins ont été, bien sûr, dégustés à l’aveugle dans cet ordre, non carafés, en verres INAO, à une température variant de 10° à 12 °C.

Roussanne Coteaux du Languedoc « les mûriers” Mas Bruguière 2001
Ce vigneron phare du Languedoc propose chaque année un blanc en AOC reconnaissable et au caractère marqué. Le cépage dominant prend ici des allures méridionales par sa couleur soutenue et son aspect onctueux. Le nez évoque les poires mûres et le pollen de fleurs épanouies. La bouche est ronde, par sa structure mais fine par ses arômes de fruits blancs et sa touche épicée. Riche, la finale un rien chaleureuse nous laisse imaginer, dans quelques années, un bel accord avec une volaille truffée.

Viognier Côtes du Rhônes cuvée de « V” Domaine Les Goubert 2000
Un rendement très faible, une sélection draconienne, des chais climatisés, un élevage haut de gamme, ce « V” 2000 a bénéficié des meilleurs soins et nous les restitue en plaisir immédiat. Vanille, cannelle, litchi, donnent à son bouquet un coté exotique et son élégance est appuyée par ses parfums de pêches et de fleurs blanches. La matière en bouche est étourdissante, puissante, fine et sphérique à la fois. Un vin superbe, presque moelleux, à servir sur un foie gras un jour de fête.

Grenache blanc & gris VdP de la Côte Vermeille « Armenn” Dom.Vial Magnères 1999
Composé pour moitié des deux cépages frères, cet « Armenn” ne parle pas le breton mais bien le catalan. D’une couleur pâle où les reflets verts se disputent à la brillance, il propose un nez puissant, fumé, iodé, aux parfums de miel de garrigue et de brises marines. Mais c’est en bouche qu’il en impose, par sa belle matière ronde, ensoleillée, épicée, à l’accent « rancio” des terrasses de schistes puis par sa longueur sereine et fraîche. Un vin « vermeilleux”!

Verdejo Rueda Domaine Belondrade y Lurton 1999 >
C’est sous une étiquette sobre et minimaliste que se découvre ce vin couleur paille à reflets dorés, généreux et puissant. Ses parfums de fleurs mais surtout de fruits mûrs, de citrons confits, sont l’expression d’une maturité extrême. En bouche un boisé « exotique” nous surprend un peu par ses notes briochées et gourmandes, mais l’équilibre reste parfait car une légèreté toute aérienne souligne sa richesse, d’une fraîcheur de bon aloi.

Vermentino Côtes de Provence Domaine de la Courtade 1996 
Situé sur l’île de Porquerolle, ce domaine bénéficie avec 3000 heures par an, de l’ensoleillement le plus élevé de France, tempéré heureusement par son ambiance 100% méditerranéenne. Ce vermentino d’une grande densité, vinifié en barrique, possède un gras et un caractère oxydatif marqué. Peut être dans une phase ingrate, il n’offre pas l’élégance et la fraîcheur qui lui sied habituellement.

Romorantin Cour-Cheverny Domaine des Huards 1995
Introduit à l’initiative de François Ier près de sa résidence de romorantin, ce cépage reste peu connu du grand public car il n’est guère cultivé que dans le Loir et Cher, en appellation Cour-Cheverny. Sa couleur brillante jaune pâle bordée de verts ne trahis pas son âge. Son nez non plus d’ailleurs par ses notes florales, d’herbes coupées, d’agrumes et de champignons de Paris. Fin, nerveux,voilà un vin élégant à l’équilibre épatant sur la minéralité et les parfums d’amandes et noisettes vertes. Aujourd’hui à maturité au bout de 6 ans, il démontre que ce cépage évolue superbement, et conforte la décision du décret d’AOC obtenu en 1993.

Sauvignon Pouilly Fumé « pur sang” Didier Dagueneau 2000
Le maître incontesté du sauvignon a, une fois de plus, magistralement réussi son millésime 2000. Encore balbutiant, ce « pur sang” pourra pendant longtemps, franchir les obstacles des dégustations, pour nous porter au galop vers les plaisirs que procurent les grands vins blancs. Son bouquet magistral de fruits exotiques et de fleurs sauvages, sa bouche charnue et fraîche en font un vin d’exception.

Riesling Alsace « cuvée Sainte Catherine” Clos des capucins Dom Weinbach 96
Protégé d’un mur d’enceinte, le clos des capucins est cité dès l’an 890 et jouissait déjà d’une bonne notoriété. Mais c’est au début des années 1980 que Colette Faller en a assuré la célébrité. D’un jaune éclatant à reflets dorés, ce riesling attire l’oeil, avant de charmer le nez par ses fragrances florales et fruitées, ponctuées d’une touche exotique. Quant au palais, par son ampleur, sa richesse, son gras, son équilibre reposant sur un bon support acide et minéral, il est tout simplement superbe.

Chardonnay Pouilly-Fuissé « vieilles vignes” Château-Fuissé 1997
Coup de coeur unanime à l’issue de la dégustation : les ” vieilles vignes” du château Fuissé ont séduit l’assemblée. Ramassé à pleine maturité, proposant un bouquet complexe et suave de fleurs sauvages et d’agrumes légèrement vanillés, à la bouche ronde et nerveuse, comme savent faire les bons vignerons bourguignons, ce vin semble porter le chardonnay à son expression suprême.

Superbe dégustation très instructive car elle a démontré que reconnaître un cépage n’est pas chose aisée et que son but est de se mettre au service du terroir pour lui donner toute sa valeur et sa personnalité… c’est ça la magie du vin.