Syrah vs Cabernet sauvignon, the perfect match

1994 – 1998 

À la Closerie à Montpellier

C’est une dégustation d’exception qui nous a ccompagnés pour terminer 2002 en beauté. Au cours des deux soirées nous avons pu comparer une quinzaine de vins de haut niveau à dominante de l’un ou l’autre des cépage précités.Toutes les bouteilles ont été servies dans l’anonymat et certaines (précédées d’une astérisque) ont participé aux deux séances. le thème portait sur deux millésimes 1994 et 1998.

En voici les meilleurs moments.

– 1994 –

Crozes-Hermitage Domaine Graillot “la guiraude”
Les vins d’Alain Graillot sont tous, en 1994, souples, soyeux et excessivement gourmands. La cuvée “la guiraude” est une sélection des meilleures barriques de ses crozes et n’est pas proposée tous les ans. D’un rouge grenat pourpre orangé, le vin prépare le dégustateur par son bouquet intense, largement marqué par la maturité des raisins. Très ronde et gourmande, la bouche est accompagné d’arômes de fruits rouges, de bonbons à la violette, de terre mouillée, de cerises noires. Les tannins sont maintenant fondus et le vin se laisse boire… “comme du petit lait!”.

Saint-Julien Château Léoville las Cases 
Le vins de Michel Delon compte assurément parmi les meilleurs du Médoc voire même de France, tant ils sont, par leur régularité apprécié par tous les amateurs qui courent sur la planète à la recherche des perles rares. Las Cases a fait l’objet d’une verticale au club, en 1992, il est malheureusement plus possible aujourd’hui d’y accéder car les prix se sont envolés vers des cieux où n’habitent que des collectionneurs milliardaires ou des stars de cinéma en mal d’émotions fortes et de frimes. Ce 94 est d’une ampleur et d’une richesse superbe. Même si aujourd’hui il ne se laisse pas apprivoiser facilement, il présente une profondeur en bouche et une complexité aromatique qui lui donnent un délai d’au moins deux décennies d’avenir resplendissant.

Coteaux du Languedoc Domaine Peyre Rose “Syrah Léone” 

Domaine Peyre Rose “clos des cistes”
Les vins de Marlène Soria sont devenues fascinants depuis le millésime 1994. C’est avec une robe noire qu’ils se présentent et un bouquet des plus intense. Les deux cuvées sont typées de leur région avec des notes de cassis, de garrigue, d’épices, de cade. Leur élevage se fait également sentir (café, cacao, camphre..) mais avec précision et discrétion. Ce qui importe ici c’est la matière, la nature qui a produit ces vins formidables. Si la “léone” est puissante et énergique nous avons beaucoup aimé l’équilibre, la finesse et la netteté aromatique des”cistes”, son caractère méditerranéen élégant, son impression de fraîcheur et de soleil réunis.

Pauillac *Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 
Ce grand cru de Pauillac qui jouxte Latour, a déjà fait aussi l’objet d’une verticale à l’Épicuvin, c’était en juin 1993 et j’en ai gardé le souvenir tremblant d’un 1955 frétillant de jeunesse et surtout d’un 1982 hallucinant de pureté. Certes 1994 n’est pas un millésime du même niveau mais dans ce contexte difficile, les vins de Madame de Lencquesaing sont magnifiquement bien réussis. La robe est grenat opaque. le nez est superbement riche et parfumé, on y trouve des notes de fruits confiturés, d’épices de viande grillée, de cacao… C’est en bouche qu’il dévoile sa présence élégante. Structuré, tannins soyeux, belle longueur pure et savoureuse, ce vin est prêt à boire mais se dévoilera encore pendant au moins une dizaine d’années.

Bolgheri Sassicaia Tenuta San Guido “Sassicaia” 
Ce vin toscan, uniquement composé de cabernet sauvignon, est devenue en quelques années un mythe absolu, aprés avoir plusieurs fois“battu”des 1er grand cru du Médoc ! De plus il est difficile de s’en procurer à coût raisonnable, aussi pouvoir goûter ce vin de passion est une occasion rare qu’il ne faut en aucun cas laisser passer (en novembre 2001, le 1996 fut noté *****). Ce 1994 est en tout point admirable. Sa robe tire vers le grenat légèrement orangé, son nez se révèle absolument renversant par ses notes de fruits noirs confiturés, de jus de viande rôtie, de caramel, de poivrons confits d’épices exotiques. La bouche sans être d’une concentration énorme s’ouvre doucement et sereinement pour finir en feu d’artifice dans une persistance qui prête à vive émotion (près de 20 secondes!).

Rioja Baron de Chirel (tempranillo)
Ce fut le “pirate du jeudi”. Avec sa superbe robe grenat-noir profond, son nez intensément bouqueté, boisé en première approche puis s’ouvrant sur de belles notes épicées, fruitées, vanillées, torréfiées, fumées. Il n’a pas trompé l’assemblée qui, en majorité, a décelé sa non-appartenance aux cépages “français”. La bouche est épatante, puissante et velouté un poil rustique mais souple. Ce régal en bouteille est à conseiller à ceux qui pensent qu’il n’existe pas de grands Rioja.

– 1998 –

Madiran Domaine Viella (tannat)
Le pirate choisi pour le mardi soir a tiré de très belle façon son épingle du jeu. Provenant d’un domaine peu médiatique, ce madiran a tout pour satisfaire l’amateurs de grands vins rouges: sa robe violacée opaque, son nez intense de fruits mûrs écrasés, de brioche et d’herbes rôties. Même si elle présente des notes rustiques, la bouche est droite toute en rondeur, d’une matière lisse et d’une musculature puissante qui devrait s’assouplir dans les années à venir.

Saint-Estèphe Château Cos d’Estournel 
Le Château Cos d’Estournel n’est plus, depuis 1998, la propriété de la famille Prats, cependant Bruno Prats reste maître à bord et continue dans la lignée des années 90 à produire des vins magnifiques. Issu de seulement 45% de la production en 1998, là le vin se retrouve plus concentré et riche que nombreux autres grands noms du Médoc, Sa robe profonde, son nez luxueux de fruits des bois, de cuir, de truffe au chocolat, de morilles, s’ouvre doucement avec une netteté et une superbe élégance. L’ensemble qui suit en bouche révèle une ampleur et une énergie enthousiasmante pour le futur. Voila un “grand”, assurément.

Côtes du Roussillon Village Domaine Gauby “Muntada” 
En un temps très bref, la “muntada” est devenue la star du Roussillon, c’est aussi pour cela qu’elle est devenue très chère. Provenant d’une sélection de 80% de syrah à très faible rendement, sur les coteaux calcaires près de Rivesaltes, Gérard et Ghislaine Gauby ont su donner à leurs vins la profondeur et la race qui signent les grands crus. La robe rubis-noir impressionne déjà dans le verre et précède un bouquet intense de fruits noirs, de garrigues, de jus de viande, de pruneaux confits. En bouche, c’est une texture superbe qui attend le palais du dégustateur chanceux. Riche, empyreumatique, finale épicée et longue, tout porte à croire qu’il n’y pas urgence à ouvrir d’autres bouteilles, si ce n’est l’assurance d’un plaisir déjà présent.

Pessac Léognan Château Pape Clément 
Pape Clément se présente comme le dauphin du grandissime Haut-Brion, depuis quelques années il se pourrait bien qu’il dépasse le maître. En effet le 1998 a frappé les dégustateurs présents par son ampleur aromatique et le caractère soyeux et profond de ses tannins. Dans l’immédiat, il exhale de puissants parfums de mûres, de réglisse, de tabac blond, de crème de marron, de menthol. La bouche se révèle parfaitement équilibrée, étonnamment douce et savoureuse, son amplitude et sa longueur en font un vin prodigieusement réussi.

Australie *Cape Mentelle (Margareth River)
Le cabernet de Cape Mentelle n’est plus une découverte pour les amateurs du club car il avait fait sensation lors de la soirée consacrée au grands cabernets du monde en juin dernier. Il était intéressant de le re-déguster en compagnie d’autres “bombes” et il n’a pas failli à sa réputation de grand séducteur. Voila ce que j’écrivais alors : “… D’une robe pourpre opaque et noire, il laisse apprécier un bouquet intense pur et doux de cassis, de mine de crayon, de chocolat amer, de vanille et de menthe. D’une texture ronde et soutenue, la bouche est très généreusement dotée et déploie d’irrésistibles arômes de fruits noirs et de moka grillé. Gras et corsé, il cache la puissance de ses tannins dans une longueur fabuleuse. C’est un vin énorme qui déborde de richesse et de fruits et constitue un véritable tour de force de la part de ses vinificateurs…” je ne changerai pas une virgule!

negly

Coteaux du Languedoc-La Clape *Château La Négly “Porte du Ciel”
Le grand vainqueur toute catégorie de ces deux soirées est sans conteste la cuvée “porte du ciel” du Château de la Négly à Fleury d’Aude, car elle a mis tout le monde d’accord : les esthètes de la syrah comme les simples amateurs de bons vins que nous sommes. Que dire sur cette extraordinaire cuvée d’un rendement de 14 hl/ha, ramassée a forte maturité, triée avec la précision d’un horloger, vinifiée et elevée sous bois neuf pendant près de deux ans, si ce n’est que le résultat est stupéfiant. Son bouquet expose puissamment ses notes de fruits cuits, de liqueur de cassis, de pâtisserie au beurre, d’épices et de Cohiba. D’un corps énorme, la bouche regorge littéralement d’arômes de fruits noirs, d’épices et de torréfaction. La matière n’empêche pas la finesse et sa texture velouté de se laisser dors et déjà largement apprécier.

Merci à tous, et que les années futures nous réservent ancore d’aussi belles soirées.

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